HISTOIRES
D'EAU
Thème classique
et éternel. Ces femmes à leur toilette, où se cachaient-elles
?
Dans un tableau
de Bonnard, Degas, Balthus, de Gromaire, Picasso ou de Renoir ?
Ondine à
la jarre. D'où s'est enfuie la Source ? De chez Poussin ou de chez
Rodin ?
Lavandières
à la rivière ? En équilibre sur la rive.
Là je
sais d'où vous venez. De l'intemporel, de l'universel. Je vous ai
déjà vues. Les femmes de la brousse
africaine que
j'ai quittées hier avaient les mêmes gestes, ma mère
aussi.
L'eau coule, on
la voit.
Fanny Ferré
est dans la continuité.
La sienne : mêmes
visages tournés vers un lointain absent, mêmes bouches boudeuses,
mêmes yeux
presque clos...
comme dans ses autres sculptures.
Toujours la complicité
du chien, dans le mouvement, la toilette, la soif.
L'eau coule, on
la voit.
La blancheur aussi
qui exalte ses déclinaisons de roses et d'ocres. Celles du linge
mouillé, roulé dans des sacs.
Celle de la terre.
L'envolée du linge qui sèche. L'élégance des
nudités offertes ou cachées, des nuques
ployées,
des torses penchés qui s'abandonnent, des bras levés, des
mains démeusurées... pour ôter
une chemise,
remettre ses bas, lisser ses cheveux.
Bassines, bacs,
cuvettes, vasques... autant de socles en creux pour se cacher ou s'exposer.
L'eau coule, je
l'ai vue.
Malgré
les aspérités de la terre, Fanny apporte à cette série
une douceur nouvelle, une réelle tendresse pour
ses personnages
que la fraicheur de l'eau apaise.
Nicole
MORIN
avril
2011
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