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!
Se passionner
pour l'oeuvre de Fanny Ferré ?
Mille raisons,
bien entendu.
Et, spontanément,
deux, éclatantes :
D'abord parce
qu'elle privilégie l'art du mouvement
sur l'art de
la pose, attitude rare chez un sculpteur.
En cela, restant
résolument classique, elle est
résolument
moderne.
Le siècle
de ses premiers travaux a vu l'émergence et
l'essor d'un
art nouveau : l'art du cinéma, de l'image
animée.
Cet art violait joyeusement un très ancien
tabou - le temps
- ce temps qui, pour un artiste,
vitrifiait l'instant.
Plus proche de
John Ford que de Donatello, de Billy
Wilder que de
Giacometti, Fanny Ferré impose le
mouvement comme
souveraine évidence de vie.
Elle va plus
loin. Quand, à bout de souffle, ses
créatures
se posent ou s'abattent, leur respiration
fait encore palpiter
leurs formes au repos. Une brise
gonfle leurs
chemises. Leurs pieds cherchent l'appui
d'un nouvel élan.
En eux, autour d'eux, un récit
frémit,
bourdonne, entêté.
Ensuite, parce
qu'elle réconcilie deux formes
d'art : l'apollinien
et le dionysiaque, la beauté et
l'allégresse,
l'éclat et la vie.
Il y a de grands
artistes apolliniens : Titien ou
Brancusi, comme
de grands artistes dionysiaques :
Bernini ou Picasso.
Fanny Ferré
ignore ces catégories.
Jublilante, elle
s'en joue.
Mieux : elle
les mobilise et les appareille au service
de son art.
La splendeur
solaire des formes, l'élégance des
attitudes, la
grâce des cortèges vont s'allier sous ses
paumes avec la
vitalité des couleurs de l'argile, la
vigueur des situations
et la joie des envolées.
Dans l'immense
atelier de Fanny Ferré où ses
sculptures s'ébattent
en liberté, le visiteur, saisi, se
mue en ombre,
errant parmi ces êtres d'une chair
nouvelle, d'une
vie plus robuste, d'une activité
complice des
forces telluriques.
Obstinément
heureuse, elle avance,
à la tête
de ses...*
Jean-Michel
Arnold
Président
du CICT
Conseil
International du Cinéma, de la Télévision et de la
Communication Audiovisuelle
auprès
de l'UNESCO
*
à
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